Offre anormalement basse - Fiche technique de la DAJ - Identification,
traitement d’une offre anormalement basse et les éventuels risques opérationnels
et juridiques à la retenir
24 juillet 2011
La DAJ de Bercy a mis en ligne le 22 juillet 2011 sur son site Internet une
fiche technique expliquant les règles de gestion des
offres
anormalement basses
Fiches de la DAJ de Bercy
Fiche technique DAJ -
L'offre anormalement basse (2015)
La fiche technique de la DAJ fait le point sur les
offres
anormalement basses (OAB), offres pour lesquelles la tâche de
l'acheteur est difficile et dont la détection doit respecter des
règles rappelées par la jurisprudence.
Il n'existe pas de définition de l'offre
anormalement basse et "Le rejet d’une offre
anormalement basse n’est possible que si une
procédure contradictoire avec le candidat concerné a
été déclenchée au préalable".
C'est l'article
55 du code des marchés publics qui règle le
régime des OAB et prévoir que le pouvoir
adjudicateur décide que l'offre entre dans cette
catégorie "après avoir demandé par écrit les
précisions qu’il juge utiles et vérifié les
justifications fournies"
La première partie s'attache à l'identification d'une offre
anormalement basse, la seconde du traitement d'une offre suspectée
d’être anormalement basse et la troisième du risque à retenir
une telle offre.
L'identification d'une
offre anormalement basse
Pour identifier l'OAB la DAJ propose d'explorer
différentes pistes dont :
- la prise en compte du prix de l’offre et
notamment des composantes du prix,
- l’utilisation d’une formule mathématique
pour déterminer un seuil d'anomalie mais sans
utiliser d'automatisme sur un critère
mathématique,
- la comparaison avec les autres offres avec
la mise en évident d'un écart significatif,
- la comparaison avec l’estimation du pouvoir
adjudicateur mais ne doit pas constituer un
référentiel unique pour l'élimination,
- les obligations qui s’imposent aux
soumissionnaires notamment en matière sociale
issues du code du travail et des conventions
collectives,
Le traitement d'une offre
anormalement basse
Pour prendre une décision éventuelle de rejet le
pouvoir adjudicateur doit demander des explications
au candidat et d’en apprécier la pertinence. Il
s'agit d'une procédure contradictoire obligatoire
prévue par l'article
55 du code des marchés publics.
Les risques de retenir une offre
anormalement basse
La DAJ distingue les "risques opérationnels" et les risques
juridiques.
- Au nombre des risques opérationnels la DAJ identifie : le
risque financier par la sous-estimation de l'offre par le
soumissionnaire avec des demandes de rémunération
complémentaires de ce dernier, ce qui dans la pratique n'est pas
rare. Ce sont dans ces situations que l'on plonge dans les
dispositions prévues dans les cahier des charges lors de
l'exécution des prestations. Sont ensuite expliquées les risques
de défaillance, de qualité et de travail dissimulé,
- Pour les risques juridiques la DAJ rappelle que le juge s’en
tient à un contrôle de l’erreur
manifeste d’appréciation sur l’appréciation que fait le
pouvoir adjudicateur du caractère anormalement bas d’une offre.
Cependant le juge exerce un contrôle complet sur le respect de
la procédure et le pouvoir adjudicateur est tenu de suivre les
étapes décrites par l’article
55 du code des marchés publics.
Le plan de la fiche technique de la DAJ sur
l'offre anormalement basse
1. Comment identifier une offre
anormalement basse ?
1.1. Par la prise en compte du prix de l’offre
1.2. Par l’utilisation d’une formule mathématique
1.3. Par comparaison avec les autres offres
1.4. Par comparaison avec l’estimation du pouvoir adjudicateur
1.5. Au vu des obligations qui s’imposent aux soumissionnaires
2. Comment traiter une offre suspectée
d’être anormalement basse ?
2.1. Le pouvoir adjudicateur doit demander des explications au
candidat qui a déposé l’offre
2.2. Le pouvoir adjudicateur doit apprécier la pertinence des
explications fournies par le candidat
2.3. Le pouvoir adjudicateur doit décider de l’admission ou du
rejet de l’offre en cause
3. Quels sont les risques à retenir une
offre anormalement basse ?
3.1. Risques opérationnels
- Risque financier
- Risque de défaillance
- Risque de qualité
- Risque de travail dissimulé
3.2. Risques juridiques
- un contrôle restreint sur l’appréciation que fait le pouvoir
adjudicateur du caractère anormalement bas d’une offre,
- un contrôle complet sur le respect de la procédure.
Les textes et jurisprudences citées
- Article 55 de la directive n°2004/18/CE du 31 mars
2004 et article 57 de la directive n°2004/17/CE du 31
mars 2004
- Autorité de la concurrence :
décision n°07-D-38 du 15 novembre 2007
- Point 15.2 de la circulaire du 14 février 2012
relative au Guide de bonnes pratiques en matière de
marchés publics
- CE,
15 avril 1996, Commune de Poindimie, req. n° 133171
(Un prix faible ne peut être considéré, à lui seul,
comme une preuve de l’insuffisance technique ou
financière de l’offre présentée par une entreprise)
- CJCE,
22 juin 1989, sté Fratelli Costanzo SPA c/ Commune de
Milan, aff. C-103/88 (Le mécanisme d’exclusion
automatique des offres anormalement basses sur la base
d’un critère mathématique est illégal)
-
CJCE,
27 novembre 2001, Impresa Lombardini SPA, aff. C-285/99
(le pouvoir adjudicateur peut utiliser une formule
mathématique, afin de déterminer un seuil d’anomalie,
en-deçà duquel les offres sont qualifiées d’anormalement
basses, permettant la mise en oeuvre du dispositif de
l’article 55 du code)
-
CAA
Marseille, 12 juin 2006, SARL Stand Azur, n°03MA02139
(Constater un écart significatif entre le prix proposé
par un candidat et celui de ses concurrents est un
élément permettant de qualifier l’offre d’anormalement
basse)
- TA Lyon, ordonnance, 24 février 2010, société
ISOBASE, n°1000573 : « offre d’un montant deux fois
moins élevé que la moyenne des offres »
-
Avis
n°96-A-08 du 2 juillet 1996 relatif aux propositions
formulées dans un rapport portant sur la réforme du
droit de la commande publique (L’Autorité de la
Concurrence met ainsi en garde contre l’offre qui ne
parait anormalement basse que parce que son auteur est
le seul à ne pas avoir participé à une entente destinée
à majorer les prix)
- TA Grenoble, ordonnance, 31 juillet 2007, Sté
Cars Berthelet c/ Dpt de l’Isère, n°0703381 et 0703382 :
offres inférieures à l'estimation de l'administration de
40 et de 31 % (La différence conséquente entre le prix
de l’offre d’un candidat et l’estimation de
l’administration peut être un élément d’identification
d’une offre anormalement basse)
- TA Lille 25 janvier 2011 Ste Nouvelle SAEE ,
n°0800408
-
CAA Bordeaux, 17 nov. 2009, SICTOM Nord, n°08BX01571
(L’absence de réponse du soumissionnaire à la demande
d’explications du pouvoir adjudicateur permet au pouvoir
adjudicateur d’exclure l’offre du candidat)
- Une fiche technique sur le renforcement du
dispositif de lutte contre le travail dissimulé est
disponible à l’adresse suivante :
http://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/daj/marches_publics/conseil_acheteurs/fiches-techniques/mise-en-oeuvre-procedure/mp-et-lutte-contre-travail-dissimule.pdf
-
CAA Marseille 12 juin 2006, SARL Stand Azur, n°
03MA02139 (Le juge administratif exerce un contrôle
restreint sur l’appréciation que fait le pouvoir
adjudicateur du caractère anormalement bas d’une offre.
Ce n’est que si cette appréciation est manifestement
erronée qu’elle sera sanctionnée. Le juge s’en tient
donc à un contrôle de l’erreur manifeste d’appréciation)
CE, 1er mars 2012, département de la Corse du sud, n°
354159
- TA Cergy-Pontoise, ordonnance, 18 février 2011, SCP
Claisse et associés, n°1100716
-
CE, ass., 5 mars 1999, Président de l’assemblée
nationale, req. n°163328 (Le juge exerce un contrôle
complet sur le respect de la procédure. Le pouvoir
adjudicateur est tenu de suivre les étapes décrites par
l’article 55 du CMP. S’il omet de demander des
précisions à l’auteur de l’offre et la rejette, la
décision d’attribuer le marché à un autre candidat est
irrégulière)
Jurisprudence
CE, 30 mars 2017, n° 406224, Région Réunion
(Offre
anormalement basse dans un marché portant sur des actions de
formation
professionnelle continue. Le seul écart de prix de 30% avec une
offre concurrente ne suffit pas pour déclarer une offre anormalement
basse. La région Réunion a, pour la détection des offres
anormalement basses, utilisé une méthode de calcul préconisée
par la charte pour la détection des offres anormalement basses
et le choix de l’offre économiquement la plus avantageuse
signée le 26 mars 2012 sous l’égide du Haut conseil de la
commande publique).
CE, 29 mai 2013, n° 366606,
Ministre de l’intérieur / Sté Artéis (Quelle que soit la procédure de passation le
pouvoir adjudicateur qui constate qu’une
offre
paraît
anormalement basse doit solliciter auprès de son auteur toutes précisions et
justifications de nature à expliquer le prix proposé. Pour
contrôler le caractère anormalement bas ou non d’une offre, il ne
suffit pas de se borner à relever l’écart de prix important entre
les offres sans rechercher si le prix en cause est en lui-même
manifestement sous-évalué et, ainsi, susceptible de compromettre
la bonne exécution du marché).
Fiches de la DAJ de Bercy
Fiche DAJ 2019 -
L'offre anormalement basse.
Fiche technique DAJ - L'offre anormalement basse (2016)
Plan de la fiche
1. Comment identifier une offre anormalement basse ?
1.1. Par la prise en compte du prix de l’offre
1.2. Par l’utilisation d’une formule mathématique
1.3. Par comparaison avec les autres offres
1.4. Par comparaison avec l’estimation du pouvoir
adjudicateur
1.5. Au vu des obligations qui s’imposent aux
soumissionnaires
2. Comment traiter une offre suspectée d’être anormalement
basse ?
2.1. L’acheteur doit demander des explications au candidat
qui a déposé l’offre
2.2. L’acheteur doit apprécier la pertinence des explications
fournies par le candidat
2.3. L’acheteur doit décider de l’admission ou du rejet de
l’offre en cause
3. Quels sont les risques à retenir une offre anormalement
basse ?
3.1. Risques opérationnels
3.1.1. Risque financier
3.1.2. Risque de défaillance
3.1.3. Risque de qualité
3.1.4. Risque de travail dissimulé
3.2. Risques juridiques